Aborder les situations d’urgence en matière de santé animale par le prisme du genre
publié le
07/15/2025
écrit par
Daniel Donachie
Daniel est vétérinaire, gestionnaire de programme et ardent défenseur de la sécurité sanitaire mondiale. Il se passionne pour l’amélioration de la préparation aux situations d’urgence plurisectorielles. Actuellement responsable de programme en gestion des situations d’urgence au sein du Service de la Préparation et Résilience de l’OMSA, il gère des projets axés sur la réduction des menaces biologiques. Par le passé, il a travaillé dans une pratique vétérinaire mixte et a occupé un poste d’inspecteur vétérinaire principal à l’Agence britannique de la santé animale et végétale (Animal and Plant Health Agency).
Alicia Gallardo Lagno
Alicia est vétérinaire et compte plus de 25 ans d’expérience au sein de l’autorité compétente en matière de santé des animaux aquatiques au Chili (SERNAPESCA). Elle a dirigé la gestion des foyers d’anémie infectieuse du saumon dans l’industrie du saumon, en concevant et en mettant en œuvre le modèle de gestion sanitaire de l’aquaculture. Elle est actuellement présidente de la Commission des normes sanitaires pour les animaux aquatiques de l’OMSA, consultante en biosécurité dans le secteur de l’aquaculture auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et conseillère auprès du Centre collaborateur de l’OMSA pour la gestion des antimicrobiens dans l’aquaculture.
Les situations d’urgence sanitaire liées aux animaux sont de plus en plus fréquentes et complexes, ce qui oblige les Services vétérinaires et les Services de santé des animaux aquatiques à y répondre de manière efficace. Une situation d’urgence peut être considérée comme une situation grave, et souvent dangereuse, nécessitant une action immédiate. Les gouvernements et le grand public attendent du secteur de la santé animale qu’il gère toute situation d’urgence ayant un impact sur la santé et le bien-être des animaux ou impliquant ces derniers. La gestion des situations d’urgence peut être définie comme l’organisation et la gestion globales des ressources et des responsabilités pour faire face à tous les aspects d’une situation d’urgence, y compris les mesures de prévention et d’atténuation, la détection, la préparation, l’intervention et le rétablissement. Elle nécessite des politiques claires, des plans d’urgence et des procédures reposant sur des ressources appropriées, y compris du personnel formé, et validées par des exercices de simulation. Contrairement au travail quotidien des Services vétérinaires, la gestion des situations d’urgence nécessite des interventions rapides, modulables et efficaces pour réduire les conséquences des situations d’urgence.
Les situations d’urgence peuvent entraîner des répercussions différentes sur les hommes et sur les femmes, ces dernières assumant souvent un rôle clé dans la prise en charge des animaux et la gestion des tâches administratives ; les hommes quant à eux sont plus susceptibles de détenir un pouvoir de décision et des responsabilités d’encadrement.
Cependant, les perspectives sexospécifiques dans la gestion des situations d’urgence en matière de santé animale sont souvent négligées et mal comprises, principalement en raison du manque de données ventilées par sexe, ainsi que du manque général de visibilité des femmes dans ces activités. Des stratégies inclusives sont essentielles pour les activités de préparation et de réponse. Cet article présente des stratégies intégrant la dimension de genre pour renforcer les systèmes de santé animale, en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes.
Les femmes jouent un rôle crucial dans la production animale à travers le monde, en s’engageant dans diverses activités allant de l’élevage à la transformation et à la commercialisation des produits, en particulier dans les systèmes de production à petite échelle et les communautés rurales [1]. Les femmes jouent un rôle essentiel, mais souvent méconnu, dans la gestion des situations d’urgence en matière de santé animale, qu’il s’agisse de s’occuper des animaux ou de leur administrer des traitements. Toutefois, les données disponibles sur l’ampleur de la participation des femmes à ces activités varient d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre, les efforts de recherche dépendant des valeurs sociales et culturelles dominantes [2]. Dans les situations d’urgence, les femmes peuvent contribuer de manière substantielle à la réponse aux urgences en encourageant les membres de leur famille à suivre les mesures de lutte contre les maladies. Elles peuvent diffuser des informations d’alerte précoce, contribuer aux plans d’urgence, plaider en faveur de la protection nécessaire des femmes dans les situations d’urgence, procéder à des évaluations des besoins et soutenir leur famille et leur communauté [3].
Certaines études ont démontré que le manque d’accès des femmes aux informations sur les maladies et leur gestion, ainsi qu’à une formation appropriée en matière de santé animale, peut contribuer négativement à la sauvegarde des ressources naturelles [1]. La plupart des femmes n’ont pas accès aux ressources, à la formation et aux rôles de leadership et elles ne les maîtrisent pas. L’accès à ces ressources et services essentiels améliorerait l’efficacité, la rentabilité et la durabilité de leur engagement. Ce faisant, les femmes seraient habilitées à devenir des agents actifs dans la préparation et la réponse aux situations d’urgence, ce qui améliorerait leur vie et celle de leur famille et de leur communauté [4]. Les femmes qui assument des rôles décisionnels dans les situations d’urgence peuvent créer des opportunités et des espaces pour que d’autres femmes participent également à la prise de décision. Il est donc essentiel que les organisations investissent dans des opportunités qui renforcent les capacités de leadership des femmes [3].
Crédit : Ian Peter Busuulwa – OMSA
La conception et la mise en œuvre de stratégies visant à répondre aux défis et aux contributions uniques des hommes et des femmes garantissent un accès équitable aux ressources, à la formation et aux processus décisionnels dans les situations d’urgence [5]. L’élaboration de politiques d’intervention d’urgence tenant compte de la dimension de genre, avec la participation précoce des acteurs des secteurs de l’agriculture et de l’aquaculture, permet de mieux évaluer les risques et de renforcer les mesures d’atténuation contre les foyers de maladie et d’autres situations d’urgence, telles que celles liées au changement climatique [6].
La conception et la mise en œuvre de stratégies visant à répondre aux défis et aux contributions uniques des hommes et des femmes garantissent un accès équitable aux ressources, à la formation et aux processus décisionnels dans les situations d’urgence.
Les normes culturelles renforcent souvent les rôles et les stéréotypes liés au genre qui entravent l’action collective dans les situations d’urgence. Par exemple, les hommes sont moins enclins à rechercher un soutien en matière de santé mentale lors des situations d’urgence en raison des normes sociétales qui découragent l’expression émotionnelle et la recherche d’assistance. La recherche montre également que si les hommes et les femmes sont tout aussi enclins à partager des informations positives, les hommes sont beaucoup moins enclins à partager des informations négatives, ce qui contribue encore à la stigmatisation de la façon dont ils peuvent être perçus [7]. Cette réticence peut affecter leur capacité à gérer le stress, à prendre des décisions et à réagir efficacement. Les politiques d’intervention d’urgence tenant compte de la dimension de genre devraient inclure un soutien à la santé mentale adapté pour encourager les hommes à demander une assistance sans pour autant être stigmatisés [8].
Crédit : Ian Peter Busuulwa – OMSA
Le leadership inclusif renforce la résilience
La gestion des situations d’urgence en matière de santé animale reste dominée par les hommes, ce qui limite la diversité des points de vue dans les processus décisionnels. Les équipes dirigeantes composées de personnes de sexe différent sont mieux équipées pour faire face aux conséquences variées des situations d’urgence au sein des différentes communautés. Toutefois, les femmes sont souvent largement sous-représentées dans les postes de direction. Par exemple, en 2023, une étude de l’OMSA a révélé que sur ses 182 Membres à l’époque, seuls 21 % des Délégués étaient des femmes [9,10]. Cette tendance reflète la situation mondiale en matière de santé publique, où les femmes représentent 67,2 % du personnel de santé, mais n’occupent que 25 % des postes à responsabilité [11].
Des obstacles continuent de limiter la participation des femmes à la prise de décision, d’où l’importance de favoriser un environnement propice qui ne se contente pas de compter le nombre de femmes en présence, mais qui garantisse également leur inclusion et une influence significative de leur part dans les instances dirigeantes. Une évaluation des Services vétérinaires
en Asie du Sud-Est en 2023, commandée par l’OMSA, a identifié les défis à relever pour favoriser cette inclusion, notamment les croyances selon lesquelles les femmes ne peuvent pas être des dirigeantes fortes, les normes culturelles et religieuses favorisant les hommes dans les rôles de direction, ceux-ci exigeant souvent de plus longues heures de travail et une disponibilité constante ; ce dernier point entre en contradiction avec les attentes sociétales à l’égard des femmes en tant que dispensatrices de soins. En outre, cette évaluation fait état d’une augmentation de la surveillance et de la pression exercées sur les femmes dirigeantes pour qu’elles prouvent leur compétence aux yeux des hommes [12,13].
Les Services vétérinaires et les Services de santé des animaux aquatiques peuvent œuvrer à la levée des obstacles qui empêchent les femmes d’accéder à des postes de direction. Les organisations peuvent mettre en œuvre des stratégies de recrutement sensibles à la dimension de genre, telles que l’anonymisation des candidatures et l’organisation de jurys d’entretien équilibrés entre les hommes et les femmes, afin de réduire les préjugés. En outre, la fixation d’objectifs en matière d’équité entre les sexes dans les postes de direction peut également s’avérer utile, tout comme la création de réseaux formels et informels pour le développement du leadership des femmes, y compris des programmes de mentorat [11]. En outre, les politiques gouvernementales devraient soutenir le congé parental des femmes tout en leur garantissant la sécurité de l’emploi lorsqu’elles reprennent des fonctions de direction. La gestion des situations d’urgence implique souvent des horaires longs et éprouvants, et les organisations doivent veiller à ce que le personnel puisse maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie privée en proposant des horaires flexibles et en comprenant que les femmes ont souvent des responsabilités en matière de prestations de soins à la maison.
Il convient également de noter que l’intégration du leadership des femmes dans les situations d’urgence ne se limite pas à leur présence dans les équipes ; elle implique en effet d’intégrer l’expertise en matière de genre dans le processus politique afin de garantir un engagement significatif en faveur de la prise en compte des risques liés au genre et de la promotion de l’équité [14]. Cela peut se traduire par l’intervention de conseillers en matière d’égalité des sexes auprès des décideurs politiques et par la réalisation d’évaluations des répercussions en termes d’égalité des sexes dans le cadre de l’élaboration des politiques.
Les politiques de leadership inclusif dans la gestion des situations d’urgence soutiendront les pays et les territoires dans le respect des exigences du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030) et de l’Objectif de développement durable des Nations Unies relatif à l’égalité des sexes, qui appellent tous deux à la participation des femmes aux instances de direction et de décision [15,16].
Une approche équitable du renforcement des capacités de gestion des situations d’urgence garantit que les femmes ont un accès égal aux programmes et aux ressources de renforcement des capacités. De même qu’ils s’attaquent aux écarts entre les sexes en matière de leadership, les efforts doivent aller au-delà de la simple augmentation de la participation des femmes au renforcement des capacités et créer un environnement dans lequel les femmes peuvent s’engager tout en étant en mesure de concilier efficacement leurs responsabilités professionnelles et familiales. Il peut s’agir d’offrir des possibilités d’apprentissage à distance ou hybride, des subventions pour la garde d’enfants, l’accès aux soignants pour les adultes vulnérables et des plans de formation flexibles. En outre, l’implication des femmes en tant que formatrices et expertes renforce leur autonomie. Les pays où les femmes sont fortement représentées dans les Services vétérinaires, comme la Malaisie, ont obtenu des résultats positifs grâce à des politiques offrant des conditions de travail flexibles, des services de garde d’enfants subventionnés et des congés parentaux prolongés (en Malaisie, 98 jours pour les femmes et sept jours pour les hommes) [12,17].
Le renforcement des capacités peut également inclure l’élaboration de formations spécifiques au genre afin d’enseigner à tous les participants les défis à relever et les meilleures pratiques pour promouvoir l’équité entre les hommes et les femmes dans la gestion des situations d’urgence.
Recommandations essentielles pour intégrer la dimension de genre dans la gestion des situations d’urgence
Les femmes ne sont pas encore pleinement visibles et reconnues pour leur travail dans les situations d’urgence en matière de santé animale, de sorte qu’elles ne sont pas suffisamment prises en compte dans la formulation des politiques de gestion à cet égard. Il est crucial que les hommes jouent un rôle dans la collaboration avec les femmes pour favoriser un environnement favorable à l’intégration de la dimension de genre.
Les principales recommandations pour intégrer la dimension de genre dans la gestion des situations d’urgence sont les suivantes :
- collecter des données sur le rôle des femmes dans les situations d’urgence afin de fournir des éléments probants pour l’élaboration de politiques ;
- élaborer des politiques tenant compte de l’égalité entre les hommes et les femmes et prenant en considération les contextes culturels et sociaux ;
- promouvoir un leadership inclusif en s’attaquant aux obstacles qui affectent les femmes ;
- garantir aux femmes un accès équitable aux possibilités de renforcement des capacités.
L’intégration de la dimension de genre dans la gestion des situations d’urgence est à la fois nécessaire et réalisable. C’est en adoptant une approche holistique et inclusive que les Services vétérinaires et les Services de santé des animaux aquatiques peuvent créer des systèmes de gestion des urgences plus résilients et plus efficaces, au bénéfice de communautés entières.
Traduit de l’original en anglais.
Crédit de l’image de couverture : Ian Peter Busuulwa – OMSA
https://doi.org/10.20506/woah.3615
Références
[1] Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires – Résumé. Rome (Italie) : FAO ; 2023. 16 p. https://doi.org/10.4060/cc5060fr
[2] Williams MJ, Chao NH, Choo PS, Matics K, Nandeesha MC, Shariff M, et al., eds. Global Symposium on Women in Fisheries – Sixth Asian Fisheries Forum, 29 novembre 2001, Kaohsiung, Taiwan. Penang (Malaisie) : WorldFish ; 2002. 209 p. https://hdl.handle.net/20.500.12348/2235
[3] Cocchiglia M. Women’s leadership in risk-resilient development: good practices and lessons learned. Genève (Suisse) : Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes ; 2015. 96 p. Disponible en ligne : https://www.undrr.org/quick/11406 (consulté le 2 février 2025).
[4] Cataldo C, Bellenghi M, Masella R, Busani L. One Health challenges and actions: integration of gender considerations to reduce risks at the human-animal-environmental interface. One Health. 2023 ;16:100530. https://doi.org/10.1016/j.onehlt.2023.100530
[5] Tanner L, Markek D, Komuhangi C. Women’s leadership in disaster preparedness. Londres (Royaume-Uni) : Action contre la Faim ; 2018. 36 p. Disponible en ligne : https://www.preventionweb.net/quick/47274 (consulté le 2 février 2025).
[6] Gallardo Lagno A, Aguilar-Manjarrez J, Norambuena Cleveland R, Mienert Rauna A, Ivanovic Willumsen C. Caracterización de la pesca y la acuicultura artesanal en pequeña escala en América del Sur y recomendaciones de políticas públicas. Santiago (Chili) : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ; 2023. 150 p. https://doi.org/10.4060/cc4612es
[7] Addis ME, Mahalik JR. Men, masculinity, and the contexts of help seeking. Am. Psychol. 2003 ; 58(1):5-14. https://doi.org/10.1037/0003-066x.58.1.5
[8] Bayes Business School. Men less likely than women to share negative information, says study. Londres (Royaume-Uni) : Bayes Business School ; 2023. Disponible en ligne : https://www.bayes.city.ac.uk/news-and-events/news/2023/november/men-less-likely-than-women-to-share-negative-information-says-study (consulté le 2 mars 2025).
[9] Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Genre. Paris (France) : OMSA ; 2024. Disponible en ligne : https://rr-asia.woah.org/app/uploads/2024/06/00.-Gender-Presentations-CompiledPub.pdf (consulté le 7 mars 2025).
[10] Fèvre S, Vezeau N. Les femmes dirigeantes dans la profession vétérinaire. Paris (France) : Organisation mondiale de la santé animale ; 2025. Disponible en ligne : https://theanimalecho.woah.org/fr/les-femmes-dirigeantes-dans-la-profession-veterinaire/ (consulté le 28 février 2025).
[11] Organisation mondiale de la santé (OMS). Combler l’écart en matière de leadership : équité de genre et leadership au sein des personnels de santé et d’aide à la personne dans le monde. Genève (Suisse) : OMS ; 2021. Disponible en ligne : https://www.who.int/publications/i/item/9789240025905 (consulté le 3 février 2025).
[12] Kochkina O. Gender Assessment of Veterinary Services in South-East Asia. Paris (France) : Organisation mondiale de la santé animale ; 2023. Disponible en ligne : https://rr-asia.woah.org/app/uploads/2023/07/woah-gender-assessment-report.pdf (consulté le 3 février 2025).
[13] Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Women are transforming veterinary medicine—but are they leading it? Paris (France) : OMSA ; 2025. Disponible en ligne : https://www.linkedin.com/posts/worldanimalhealth_women-in-the-veterinary-workforce-activity-7295200706104373251-7roE?utm_source=share&utm_medium=member_ios (consulté le 7 mars 2025).
[14] Carlin E, Standley CE, Hardy E, Donachie D, Brand T, Greve L, et al. Animal health emergencies: a gender-based analysis for planning and policy. Front. Vet. Sci. 2024;11:1350256. https://doi.org/10.3389/fvets.2024.1350256
[15] Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNDRR). UNDRR Annual Report 2022. Genève (Suisse) : UNDRR ; 2023. Disponible en ligne : https://www.undrr.org/annual-report/2022 (consulté le 3 février 2025).
[16] Nations Unies (ONU). Résolution adoptée par l’Assemblée générale le 25 septembr 2015. New York (États-Unis d’Amérique) : ONU ; 2015. Disponible en ligne : https://docs.un.org/fr/A/RES/70/1 (consulté le 3 février 2025).
[17] Rodzi NH. Maternity leave extension should draw Malaysian mums back to workforce, but some employers wary. Kuala Lumpur (Malaysia): The Straits Times; 2024. Disponible en ligne : https://www.straitstimes.com/asia/se-asia/maternity-leave-extension-should-draw-malaysian-moms-back-to-workforce-but-some-employers-wary (consulté le 7 mars 2025).
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