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Biosécurité

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La biosécurité au service du développement durable : Une pierre angulaire du progrès mondial

Biosecurity for Sustainable Development_Animal Health scientist in a lab gear

published on

01/27/2025

written by

Dr Kirk Douglas WOAH_Biosecurity and Sustainable Development_West Indies

Dr. Kirk Douglas

Dr. Kirk Douglas est le directeur du Centre d’études sur la biosécurité de l’Université des Indes occidentales.
Scientifique de renommée mondiale, il est spécialisé dans la virologie, les zoonoses, la biosécurité et le changement climatique.

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Imaginez un monde où le développement durable prospère, où les écosystèmes s’épanouissent et où la santé mondiale est préservée. Au cœur de cette vision se trouve la biosécurité, pierre angulaire du progrès, vitale mais souvent négligée. De la prévention de la propagation des maladies à la protection de la biodiversité et à la garantie de la sécurité alimentaire, voici pourquoi la biosécurité est une force motrice positive à nulle autre pareille.

Dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, la biosécurité sert de stratégie proactive pour le développement durable. Voici ce qu’il faut savoir à ce sujet. La biosécurité est la science et la pratique qui visent à préserver les vies et les moyens de subsistance en réduisant les vulnérabilités dans les écosystèmes biologiques. Elle fait appel à une approche multidisciplinaire pour gérer les menaces biologiques qui pèsent sur les animaux, les êtres humains et l’environnement.

Pourquoi la biosécurité est essentielle à la santé mondiale

La biosécurité est essentielle pour protéger les systèmes de santé végétale, animale et humaine, garantir la sécurité alimentaire et favoriser la croissance économique. Face aux pressions croissantes de la mondialisation, du commerce international, des voyages à travers le monde et du changement climatique, il n’a jamais été aussi urgent de mettre en place des cadres de biosécurité solides.  

La biosécurité joue un rôle crucial dans la préservation de la santé et du bien-être des animaux, ce qui permet de protéger la santé publique et de soutenir les systèmes agricoles. Des maladies telles que la grippe aviaire et la peste porcine africaine mettent en évidence les effets dévastateurs de l’incapacité à prévenir la propagation des zoonoses.   

Toutefois, des mesures de biosécurité efficaces peuvent garantir que le bétail et la faune sauvage sont protégés des agents pathogènes envahissants, tandis que des systèmes vétérinaires solides et des mécanismes fiables de notification des maladies permettent de réagir rapidement aux menaces émergentes.

L’impact positif de la biosécurité sur la santé publique est tout aussi essentiel. Plus de 70 % des maladies infectieuses émergentes chez l’homme sont zoonotiques, c’est-à-dire qu’elles proviennent d’animaux. La pandémie de COVID-19 a mis en évidence la manière dont les lacunes en matière de biosécurité peuvent perturber les économies mondiales, mettre à rude épreuve les systèmes de santé et coûter la vie à des millions de personnes.   

Dans l’agriculture, la biosécurité est indispensable pour empêcher l’introduction et la propagation de ravageurs et de maladies qui dévastent les cultures et le bétail. Des essaims de criquets en Afrique à la chenille légionnaire d’automne qui se propage à travers les continents, ces menaces mettent en péril la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de millions de personnes.

Pour les petits États insulaires en développement (PEID), qui sont déjà confrontés à des vulnérabilités particulières, les enjeux sont encore plus importants : leur dépendance à l’égard des produits importés accroît leur exposition aux risques de biosécurité, tandis que leurs ressources limitées ont une incidence négative sur leur capacité à mettre en place des réponses efficaces. L’introduction d’espèces exotiques envahissantes peut sonner le glas de la santé animale nationale. L’introduction d’espèces exotiques envahissantes peut sonner le glas de la santé animale et de la production alimentaire nationales.  

Le commerce international et la biosécurité sont étroitement liés. La mondialisation des marchés impose des normes strictes pour garantir un commerce sûr et durable.  Le non-respect de ces normes peut entraîner des interdictions commerciales, des pertes économiques et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement.  

Le tourisme, autre secteur économique vital pour les PEID, présente son propre lot de défis en matière de biosécurité. La circulation transfrontalière des personnes et des marchandises accroît le risque d’introduction d’espèces exotiques envahissantes et d’agents pathogènes dans des écosystèmes fragiles. Pour les économies des Caraïbes, du Pacifique et de l’océan Indien qui dépendent du tourisme, la protection de ces écosystèmes ne consiste pas seulement à sauvegarder la biodiversité, mais aussi à garantir la résilience économique. 

Le changement climatique ajoute une dimension alarmante aux risques de biosécurité. La hausse des températures et la modification des régimes de précipitations ont facilité la propagation de maladies à transmission vectorielle dans de nouvelles régions, comme le paludisme et la dengue en Europe et en Amérique du Nord. Parallèlement, les espèces envahissantes trouvent des conditions favorables dans des régions où elles ne pouvaient pas prospérer auparavant, menaçant ainsi les écosystèmes et la sécurité alimentaire.

Malgré ces défis, des solutions innovantes sont porteuses d’espoir.

 

La technologie, un outil puissant dans la gestion de la biosécurité

L’intelligence artificielle et l’analyse des données sont utilisées pour prévoir les épidémies et améliorer les systèmes de surveillance. À la Barbade, le Climate Resilient Artificial Intelligence Trade Ecosystem of Data (CREAIT) sert de modèle pour montrer comment des solutions basées sur les données peuvent renforcer les cadres de biosécurité en exploitant les données liées au commerce (orientées vers les codes-barres). Des outils tels que les drones et les systèmes d’information géographique (SIG) sont de plus en plus utilisés pour surveiller la propagation des espèces envahissantes, fournissant des données en temps réel qui éclairent la prise de décision.  

Les approches communautaires sont également très prometteuses

L’intelligence artificielle et l’analyse des données sont utilisées pour prévoir les épidémies et améliorer les systèmes de surveillance. À la Barbade, le Climate Resilient Artificial Intelligence Trade Ecosystem of Data (CREAIT) sert de modèle pour montrer comment des solutions basées sur les données peuvent renforcer les cadres de biosécurité en exploitant les données liées au commerce (orientées vers les codes-barres). Des outils tels que les drones et les systèmes d’information géographique (SIG) sont de plus en plus utilisés pour surveiller la propagation des espèces envahissantes, fournissant des données en temps réel qui éclairent la prise de décision.  

Une approche globale de la biosécurité

Le cadre « Une seule santé » offre une approche globale de la biosécurité en intégrant les secteurs de la santé animale, humaine, végétale et environnementale. Cette collaboration interdisciplinaire a permis de relever des défis complexes en matière de biosécurité. Les stratégies de lutte intégrée contre les ravageurs, par exemple, réduisent la dépendance à l’égard des pesticides chimiques tout en favorisant l’équilibre écologique. De même, des initiatives telles que « Grass to Gas », qui convertit la végétation en biométhane, s’attaquent aux terrains envahis par la végétation qui servent de lieux de reproduction pour les vecteurs de maladies, contribuant ainsi à la fois à la biosécurité et aux objectifs en matière d’énergie renouvelable.

La collaboration internationale reste la clé d’une biosécurité efficace. Des organisations telles que l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) jouent un rôle essentiel dans la coordination des efforts mondiaux, le partage de l’expertise et la promotion des partenariats entre les nations.   

La biosécurité est un impératif mondial qui touche à tous les aspects du développement durable. Elle protège la santé, sécurise les systèmes alimentaires, favorise la résilience économique et préserve la biodiversité et les écosystèmes.

Alors que le monde continue d’être confronté aux crises du changement climatique et de la perte de biodiversité qui se chevauchent, l’investissement dans la biosécurité n’est plus facultatif, il est essentiel.

En adoptant des solutions innovantes, en favorisant la collaboration et en adoptant l’approche « Une seule santé », nous pouvons mettre en place des systèmes résilients qui protègent à la fois les personnes et la planète. Il est temps d’agir.

The Animal Echo vise à promouvoir la compréhension individuelle et collective de la santé et du bien-être des animaux. Nous vous présentons des idées et des opinions d’experts en matière de santé et de bien-être des animaux dans le monde entier. Les opinions exprimées dans The Animal Echo sont celles de(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’OMSA.

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